Formation professionnelle : toujours plus de digitalisation

Publié le 08/06/2023

Le groupe de travail (GT) sur la formation professionnelle a permis d’échanger sur les nouvelles modalités numériques des enseignants en formation initiale, la numérisation des copies de concours et de faire un point sur la question de l’attractivité de la DGFIP à travers le sujet des Classes préparatoires Talents.

Ce GT a été l'occasion de rappeler à la DG et l’ENFIP l’état d’épuisement des personnels de l’ENFIP. Les cadences imposées ne sont plus supportables.

Généralisation du 4+1 à l’ensemble des promotions stagiaires qui suivront une formation initiale (C, B et A).

La formation initiale des contrôleurs et des inspecteurs stagiaires vient à peine de se terminer  que l’ENFIP a voulu présenter un bilan de sa formule du 4+1 aux organisations syndicales.

Forte d'un bilan qu'elle juge positif, l'ENFIP a décidé d'appliquer la formule du 4+1 - qui a pris le nom plus académique de Projet ARIANE - à la formation initiale des agents C stagiaires de la promotion 2023-2024. Elle sera ensuite élargie aux inspecteurs stagiaires à la rentrée 2023, quand bien même la digitalisation s'étalera sur 2 années pour les blocs fonctionnels [deuxième partie de la formation théorique].

Le bilan, communiqué par la DG, laisse entendre que les contrôleurs stagiaires sont très satisfaits de ce mode d’enseignement à distance. Qui ne serait pas satisfait de rester travailler chez soi, à son rythme, sans avoir à prendre les transports en commun une journée par semaine ? Certainement personne.

Mais qu’en est-il vraiment de l’efficacité de ces journées en autonomie ? Pour l’alliance CFDT-CFTC Finances publiques les enseignements dispensés en autonomie doivent avant tout atteindre leur objectif, à savoir l’acquisition de connaissances pour l’exercice des missions. 

Notre alliance a également rappelé à l’administration que la digitalisation ne doit pas devenir le mantra de la formation initiale, ni même de la formation continue.  Si elle accroît les difficultés d’apprentissage ou la charge de travail des personnels de l’ENFIP, alors le 4+1 aura été pédagogiquement inefficace. Et ce, quel que soit le taux de satisfaction des stagiaires.

Mais l’ENFIP a-t-elle le choix ?

Les promotions d’inspecteurs et de contrôleurs seront plus importantes encore qu’elles ne l’étaient à la rentrée 2022. La CFDT et la CFTC ont dénoncé, dans leurs propos liminaires, l’absence d’anticipation des recrutements conduisant aujourd’hui à trouver des solutions pour assurer une formation initiale répondant, nous l’espérons, aux exigences des missions de la DGFIP.

  

Les contractuels : les oubliés de la formation

En 2022, l’administration avait pour objectif le recrutement de 1 000 agents contractuels. Loin de couvrir des besoins sur des métiers avec des compétences rares - comme c’est souvent le cas pour des informaticiens - la DGFIP recrute aujourd’hui des contractuels sur des emplois de SIE, SIP ou SGC.

Ces nouveaux collègues sont, selon les propos de la DG,  recrutés sur profil et donc directement employables. C’est sans doute pourquoi, l’administration juge qu’il n’est pas utile de les former plus de 2,5 jours. N’oublions pas que les agents C stagiaires suivent, quant à eux,  une formation de 2 mois et demi.

Pour notre alliance, la durée de la formation des contractuels est  largement insuffisante au regard des missions qui leur sont confiées. Ces agents sont tout de même recrutés pour plusieurs années [les contrats peuvent portés jusqu'à 3 années, renouvelable une fois], ils exercent des missions sensibles de la DGFIP comme l’accueil ou le recouvrement. Leur formation doit être à la hauteur des attentes d'un service public.

Pour aller plus loin, lire le point consacré aux contractuels : CFDT - Formation initiale rénovée : les prémices d'un changement ?

 

Sécurisation des copies de concours

Chaque année, plusieurs milliers de copies de concours transitent par colis postaux vers le Centre des Concours de Lille (CCL). L’ENFIP s’interroge sur leur sécurisation au regard des risques : perte de copies et obligation de réorganiser un concours. Pour éviter de tels déboires, l’ENFIP a expérimenté la scannérisation, par les centres d'examen, des copies des concours de contrôleur 1ère classe et d’inspecteur principal.

Si notre alliance comprend les inquiétudes de l’administration, elle l’a interpellé sur le devenir des agents du Centre des Concours de Lille. Presque 70% des tâches qui leur étaient dévolues seront désormais externalisées avec ce nouveau process. L’ENFIP a expliqué qu’elle s’attachait à trouver des solutions et que les emplois étaient maintenus jusqu’en 2024. Ces arguments n’ont pas convaincu notre alliance.

 

SEM@FOR : peut mieux faire

L’outil SEM@FOR (recensement des besoins en formation et suivi des formations) est sensé faire le lien entre ESTEVE (nouvel applicatif de l’évaluation professionnelle) et les besoins de formation. Il doit aussi pouvoir faire le lien, via OCAPI, avec les besoins en formation du parcours complémentaire des stagiaires tout juste sortis des ENFIP. Devant les couacs de SEM@FOR, l'administration a fini par avouer que l'outil n’est pas dans « sa conception finale ».  Il lui manque le « conversationnelle » - c’est-à-dire un lien entre ESTEVE (qui formalise les besoins de formation des agents) et SEM@FOR  et  OCAPI  (qui identifie le parcours complémentaires  de formation des agents qui sortent de la formation initiale) et SEM@FOR.

Une nouvelle fois, notre alliance ne peut que déplorer le déploiement d’un applicatif dont toutes les fonctionnalités ne sont pas actives, générant une surcharge de travail pour les agents utilisateurs.

Les agents devront dorénavant s'habituer à la livraison d'outils imparfaits : c'est la nouvelle méthode AGILE.

 La méthode Agile -  les applicatifs sont améliorés au fur et à mesure de leur usage - s'oppose au mode projet qui livre un outil complètement finalisé. 

 

Notre alliance a rappelé à la DG que les outils informatiques doivent être au service des agents et non pas l’inverse. Trop souvent les applications métiers sont mises à la disposition des agents sans être abouties. Certes les correctifs se font au fur et à mesure mais les désagréments rencontrés participent à un agacement inutile. Ces « petits désagréments matériels » ne font qu’exacerber le désabusement des agents de la DGFIP que pointe l’observatoire interne du Ministère.

Lire aussi : CFDT - Être préoccupé par les résultats de l’Observatoire Interne, c’est bien. S’en occuper, c’est mieux !

 

Les Classes Talents

L’attractivité de la DGFIP se mesure non seulement au nombre de candidats inscrits aux concours qu’elle organise mais aussi aux candidats répondant à certaines conditions et souhaitant les préparer en suivant les  préparations aux « Classes Talents du Service public ».

La DGFIP et les chargés d’enseignement des ENFIP sont très engagés dans ce dossier avec, soulignons-le, un certain succès. D'après les chiffres de la DG, le taux de réussite des préparants est supérieur à 50%.

Cependant notre alliance a relevé que les capacités d’accueil de ces classes préparatoires dans les ENFIP sont loin d’être saturées. Elle a donc demandé à l’ENFIP et à la DGFIP de mettre en place des campagnes pour faire connaître ce dispositif auprès des personnes éligibles (étudiant post bac, étudiant boursier, titulaire d'un bac +3 ou plus, diplômé de l’enseignement supérieur, demandeur d’emploi sous conditions de ressources) au sein des universités, des lycées et de pôle emploi.

 

Notre alliance a aussi demandé à la DG de relayer auprès de la DGAFP (Direction Générale de l’Administration et de la Fonction Publique) notre demande d’augmentation de la bourse de 4 000 € allouée aux préparants. En effet, ceux-ci s’engagent pour une durée de 15 mois au rythme de 3 jours par semaine. Les attentes sont fortes en matière de travail personnel et il est difficile d’avoir un emploi en même temps. Si la fonction publique veut que ces Classes Talents soient attractives, il faudra qu’elle s’en donne les moyens.

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