
CONCOURS : démotivation croissante des agents de la DGFiP - les résultats
Dans un contexte de défaut d’attractivité de la fonction publique en général auquel n’échappe pas non plus la DGFIP, de moins en moins d’agents s’inscrivent aux concours et examens professionnels. la CFDT Finances Publiques vous dévoile les résultats de son enquête sur les freins au concours et fait des propositions pour (re)motiver les agents à passer les concours.
Forts des réponses de cette enquête très significative, la CFDT Finances publiques portera des revendications auprès de la Direction générale afin de contribuer à lever tous les leviers pour plus d'égalité professionnelle.

La Direction ne communique que sur les ratios inscrits/présents admis. Pour la CFDT, ces ratios ne suffisent sans doute pas à expliquer cette désaffection qui semble s’inscrire dans un mouvement de fond que l’administration ne semble pas encore vouloir analyser. C’est pourquoi la CFDT, en interrogeant les agents, a voulu aller plus loin en vous donnant la parole pour mieux cerner ce qui peut vous pousser à ne plus passer les concours. Et le constat est sévère.
Retrouver les revendications de la CFDT Finances publiques pour lever les freins au concours : CFDT - Les revendications CFDT pour lever les freins aux concours
Pour rappel :
- Les agents de catégorie C et B sont susceptibles de s’inscrire à plusieurs concours ou examens professionnels : soit pour accéder au grade supérieur (1ère classe ou principal), soit pour accéder au corps directement supérieur (contrôleur pour un agent C ou inspecteur pour un contrôleur).
- Les agents de catégorie A ne peuvent s’inscrire qu’à des concours ou sélection pour accéder grade supérieur (Idiv ou IP).
L’accès au grade supérieur n’entraîne pas les mêmes conséquences en terme de mobilité géographique ou fonctionnelle que l’accès au corps supérieur qui lui présuppose une mobilité (fonctionnelle et/ou géographique).
Les répondants n’ont jamais remis en cause le principe du concours pour accéder au grade ou corps supérieur, mais ils sont nombreux à remettre en cause le contenu des épreuves.
AGENTS DE CATÉGORIE C
Parmi les répondants de catégorie C, 30 % déclarent s’être inscrits à un concours ou examen professionnel. Les agents ayant atteint le grade d’agent principal de 1re classe ne sont que 22 % à s’inscrire à un concours interne alors que 34 % des agents de 2e classe passent des concours.
La crainte d’une nouvelle affectation en cas de réussite au concours (88 %) constitue le principal frein à une inscription au concours.
« Se retrouver loin des siens, de son logement, avec des frais d’hébergement supplémentaires, des frais de route, là est peut-être l’explication de cette démotivation »
Par ailleurs, 46 % des agents qui ont déclaré ne pas s’être inscrits à un concours l’expliquent par une scolarité trop éloignée de leur domicile. Ce frein est particulièrement important chez les agents ayant des enfants à charge (64 % des agents non-inscrits) alors qu’il ne concerne « que » 29 % pour les agents non-inscrits célibataires.
« La réussite à un concours impacte trop négativement la vie personnelle »
AGENTS DE CATÉGORIE B (CONTRÔLEURS ET GÉOMÈTRES)
Les agents de catégorie B ont été les plus nombreux à répondre à cette enquête : 46 % des contrôleurs et géomètres ayant répondu à cette enquête se sont inscrits à un concours ou examen en 2022. Les contrôleurs de 2e ou de 1re classe s’inscrivent plus facilement à un concours interne (respectivement 52 % et 60 %) que les contrôleurs principaux pour lesquels le taux tombe à 28 %.
Sans surprise, l'enquête révèle que les contraintes liées à un changement de grade sont plus faciles à surmonter que celles liées à un changement de corps qui implique bien souvent une mobilité géographique comme le traduisent les résultats de l’enquête.
Quel que soit le grade au sein du corps des contrôleurs, c’est la crainte d’une nouvelle affectation qui explique la désaffection aux concours internes. Cette contrainte freine 74% des répondants de catégorie B, ce taux atteignant 81% des contrôleurs principaux.
Paroles de contrôleurs :
« Impossible de prévoir le lieu et le service d’une future mutation en cas de réussite au concours et la durée d’affectation sur un lieu trop lointain ou un service qui ne me conviendrait pas. »
Le lieu de la formation est également un critère présidant au choix de s’inscrire ou non à un concours pour 34 % des répondants de catégorie B. Ensuite, les répondants invoquent, pour 30 % d’entre eux, le manque de temps pour préparer un concours.
Un quart des contrôleurs qui ne se sont pas inscrits à un concours expliquent que les épreuves sont inadaptées et ne correspondent pas au métier qu’ils exercent. Ce motif est encore plus important chez les contrôleurs de 1re classe où le taux atteint 36 %.
« Il n’existe pas de préparation pour passer le concours de contrôleur 1re classe. »
« Des épreuves moins scolaires et plus orientées métiers ».
AGENTS DE CATÉGORIE A (INSPECTEURS)
Près des trois quarts des inspecteurs, 72 % précisément, ayant répondu à l’enquête de la CFDT ont déclaré ne pas s’être inscrits à un concours ou examen en 2022. Si 24 % d’entre eux déclarent ne pas encore remplir les conditions (ancienneté dans le grade insuffisante) pour s’inscrire à un concours, les autres répondants invoquent différents motifs.
Pour une grande majorité des inspecteurs non-inscrits, c’est la crainte d’une nouvelle affectation qui limite le passage de concours (64% des non-inscrits). Cette crainte d’une nouvelle affectation touche plus les femmes (71 % contre 57 % des hommes) et les agents ayant des enfants ou parents à charge (75 % contre 54 % chez les agents célibataires ou en couple sans enfant).
Le manque de temps est également incriminé par 28 % d’entre eux.
Enfin, 22 % des répondants considèrent que les épreuves sont inadaptées aux métiers qu’ils exercent.
PRÉPARATIONS AUX CONCOURS ET EXAMENS PROFESSIONNELS
Plus de la moitié des agents inscrits à un concours ou examen se sont également inscrits à la préparation (47 %). Pour la moitié de ceux qui ne se sont pas inscrits à une préparation, c’est le manque de temps qui est une nouvelle fois mis en cause (47 %).
Les répondants ont également regretté l’absence de préparation proposée pour certains concours (contrôleur 1re classe par exemple) ou encore l’inadaptation des préparations aux épreuves du concours.
Les agents ont souvent regretté le caractère payant de certaine préparation.
PRÉSENTATION AUX CONCOURS ET EXAMENS PROFESSIONNELS
Pour les concours ayant déjà eu lieu au moment de l’enquête, 28 % des répondants ont déclaré ne pas s’être présentés au concours ou à l’examen. Il y a de fortes variations par catégorie : parmi les inspecteurs, ce sont 44 % des inscrits qui déclarent ne pas s’être présentés, 37 % parmi les agents C et 24 % parmi les B.
L’éloignement des centres d’examen explique pour partie que les agents ne se soient pas déplacés le jour du concours.
« Arrêtez d'organiser tout à Rungis. Les problématiques de transports m'ont fait rater une des épreuves »
L’organisation d’un concours coûte cher : ne pas y participer représente un coût pour l’administration et par conséquent pour le collectif. Il importe donc de responsabiliser les candidats en leur exposant les enjeux mais aussi de les aider matériellement. |
Le manque de temps pour préparer le concours ou examen (38 %) ou le manque de motivation pour le passer (37 %) expliquent aussi que les agents inscrits ne se soient pas déplacés. Plus la catégorie est élevée, plus le manque de temps est invoqué pour expliquer l’absence de présentation aux épreuves du concours : c’est le cas pour 52 % des inspecteurs ne s’étant pas présentés, 40 % des agents B et chez 29 % des agents C.
« Les lieux d'examen n'encouragent pas. Cette année, j'ai dû aller jusqu'à Rungis 2 h de trajet en transport en commun »
Enfin, un quart des agents ne s’étant pas présentés expliquent que la raison est liée pour partie à des problèmes d'organisation de leur vie personnelle et notamment la garde des enfants.
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