Nouveau Réseau de Proximité : Nouveau Réseau de l’Eloignement

Publié le 07/06/2022

Trois ans jour pour jour après l'annonce de la création du Nouveau Réseau de Proximité (NRP), la CFDT Finances publiques dénonce les effets dévastateurs de cette enième restructuration qui vient fragiliser le service à l'usager et les missions de la DGFIP.

Elles étaient vivement colorées les cartes du Nouveau Réseau de la DGFIP des directions locales dévoilées le 6 juin 2019. Ici du jaune, ici du vert, là du violet.   

La promesse de la DG était "séduisante" : « offrir aux usagers, grâce à une stratégie globale et pluriannuelle, un accueil dans un lieu unique, par des personnes formées qui les accompagnent dans leurs démarches du quotidien, quel que soit  l'endroit où ils vivent ».  

La communication officielle de la direction générale égrenait les arguments formels et fallacieux, pour expliquer aux agents et partenaires de la DGFiP   

  • combien ce nouveau modèle allait renforcer la présence de la DGFIP sur l’ensemble du territoire,  
  • combien il leur serait plus facile « de se projeter sereinement dans la manière d’exercer leur mission »,  
  • combien ils s’épanouiraient dans leur nouveau service,  

Le nouveau monde était en marche….  

  

3 ans après jour pour jour,   

la CFDT Finances publiques sonne le glas : le réseau de services de proximité de la DGFIP s’éteint.  

 

Les agents, lucides, y ont vu de suite la disparition de nombreux services dans les départements.   

Ils ne s’y étaient pas trompés : le nouveau réseau s’est traduit par le détricotage du maillage territorial de la DGFIP et toujours plus de suppressions d’emplois.    

La DG, tel un bulldozer, a passé son projet en force au mépris de tout dialogue social en refusant de voir le mal-être des agents et en refusant d’écouter les arguments des organisations syndicales mais en promettant – sachant très bien que ces promesses ne seraient pas tenues – aux usagers monts et merveilles.  La DG et le ministre de tutelle ont aussi avancé au mépris des élus locaux, opposés à ce démaillage territorial.

 

 La CFDT Finances publiques n’a jamais considéré que le Nouveau Réseau de la DGFIP est un réseau de proximité.   

 Les restructurations du réseau déconcentré, quel que soit le nom que la DG leur donne, ne relèvent que d’une stratégie de concentration du réseau de la DGFiP au service de la suppression toujours plus massive d’emplois et non pas au service d’une amélioration de la qualité de service à l’usager.   

Les Trésoreries de proximité ont toutes disparu ou sont sur le point de disparaître pour faire place à des SGC, services à l’acronyme nébuleux cachant en fait des services « usines ». Les réseaux des services des impôts des particuliers (SIP) et des services des impôts des entreprises (SIE) font l’objet d’une énième concentration préfigurant la prochaine qui déjà est à l’étude, en arrière-boutique, à la direction général avec les seuls directeurs départementaux…

La création des CDL permet d’habiller tant bien que mal la médiocrité de la réforme en ce qu’elle est la perspective de carrière ultime ( !!) proposée, à ceux qui avaient choisis la carrière comptable, par une administration qui prend plus la peine de ménager ses administrateurs de l’Etat que son personnel de terrain. C’était aussi, en contrepartie de la disparition de toutes les trésoreries de proximité, la promesse faite aux élus locaux d’un conseil rénové, en phase avec leurs besoins. Promesse de dupes, la DG a créé cette fonction sans même savoir si elle répondait aux besoins des partenaires et sans projeter ce qu’elle pourrait devenir. Mais compte-t-elle seulement pérenniser la mission et offrir aux partenaires, petites, moyennes ou grandes collectivités, le service qui leur correspond ?...   

Les « démétropolisations », présentées initialement comme vecteur de revitalisation et la participation de la DGFiP à l’aménagement du territoire, n’apportent aucune plus-value aux tissus économiques locaux et, en termes d’emplois, ne sont qu’un maigre palliatif aux pertes subies depuis plus de 10 ans dans les territoires d’implantation de ces services. Leur pérennité est d’ailleurs déjà menacée par l’appétit de concentration de la direction générale et le prétexte tout trouvé des difficultés rencontrées pour pourvoir des emplois aux implantations parfois peu attractives.   

La duperie est totale. Alors que la direction générale annonçait la déconcentration de services centraux et de services rattachés à des directions nationales, elle a simplement utilisé la démétropolisation, rebaptisée relocalisation, pour concentrer des missions dans des plateformes (centre de contacts, pôles nationaux, services d’appui) hors-sol, ou accélérer l’externalisation de tâches comme préfiguration de nouveaux projets de plateformisation n’en doutons pas (« antennes SIE »).

  

 

Pour les agents, quelles conséquences ?   

Des agents, contraints à une mobilité forcée, démotivés, épuisés et ne trouvant plus de sens à leur travail.   

Des risques psycho-sociaux exacerbés par la pandémie.  

 La mobilité forcée des agents a été évacuée par l’octroi de primes de restructuration dont le calcul est inique et ubuesque : trajet le plus court, quand bien même les routes sont délicates, de « sortie de ville à entrée de ville » oubliant que les services de la DGFIP ne sont pas implantés à côté des panneaux d’entrée de la ville qui les accueille. Et pour quoi ? Pour réduire les montants alloués aux agents subissant les restructurations.   

 A un moment où ces agents, qui souvent habitaient à proximité de leur lieu de travail, subissent de plein fouet l’inflation du prix des carburants, ces calculs d’apothicaire ne sont que pure mesquinerie !  

Sans compter que la DGFIP oblige ses agents à utiliser leur véhicule pour faire de plus en plus de kilomètres contraints alors que « dans le même temps » notre administration communique (ou faut-il dire « greenwash » ?) sur son engagement dans une démarche écoresponsable : l’EcoFiP.  

  

Proximité, expertise et accueil au cœur des responsabilités sociales et citoyennes de la DGFiP  

La  DG est restée sourde aux alertes et continue méthodiquement son travail de destruction massive du service public alors que les Espaces France Service  actuels sont très loin d’être à la hauteur des attentes des usagers faute de moyens humains, de formation, voire même parfois de matériel.   

A l’heure où la DG publie les résultats de son observatoire interne, la CFDT Finances publiques exige un moratoire sur les restructurations et appelle à tirer un bilan des conséquences de celles déjà réalisées.

A l’heure où la DG lance son « grand remue-méninges », la CFDT Finances publiques dénonce une opération de communication pseudo-participative.  La DG prétend associer les agents au travers de ces consultations mais si tel était le cas, elle aurait d’abord convenu avec les représentants des personnels de modalités cohérentes et transparentes de consultation permettant d’assurer la libre expression des agents et une compilation concertée des retours.  Au lieu de cela, la DG a préparé avec les directeurs locaux les évolutions à venir lors de séances de travail préalables et lance sans concertation avec les représentants des personnels une pseudo-consultation qu’elle contrôle totalement, en toute opacité, et dont elle pourra tirer des conclusions qu’elle a préalablement défini.  En réalité, cet artifice de communication vise uniquement  à construire le récit d’une évolution et de restructurations soi-disant « partagées », avec toujours comme horizon des suppressions d’emplois, la fermeture de service de proximité auxquels pourtant les usagers ont droit et la concentration des missions dans des services plateformisés. . Avec ce « remue-méninge », la DG veut uniquement utiliser des remontées habilement choisies comme caution  à ses futures réformes.

La CFDT Finances publiques revendique un service public de proximité qui réponde aux besoins des usagers quel que soit leur lieu d’habitation, et offre une expertise digne des hautes exigences des missions de la DGFiP. 

La CFDT finances publiques refuse en outre toute déshumanisation de l’accueil de l’usager. L’accueil des usagers et partenaires est une mission au cœur de la DGFIP, et une de ses responsabilités fondamentales en matière de cohésion sociale et citoyenne.