
Observatoire Interne DGFIP 2025 : des agents en quête de sens
Avec de plus en plus de répondants à l'observatoire interne, les constats que tire la CFDT sur la santé de notre administration n'en sont que plus préoccupants.
Désabusée et fatiguée, la majorité des agents reste persuadée que la DGFiP n'évolue pas dans le bon sens. Leur engagement progresse néanmoins et ce, malgré la hausse des risques psycho-sociaux identifiée par le DUERP 2024.
Notre résilience collective, au nom du service public, touche ici à ses limites. Depuis le 1er janvier, la DGFIP dénombre plus d'une dizaine de tentatives de suicides, c'est plus que sur la totalité de l'année 2024. Nouvelle inacceptable, la CFDT appelle à des solutions concrètes et rapides.
Il saute aux yeux à la lecture de cet observatoire interne combien les éléments positifs que l'on est en droit d'escompter du travail : motivation, confiance, enthousiasme et satisfaction sont supplantés à la DGFiP par le négatif : inquiétude (26% des agents), fatigue (30%) et déception (33%).
Bien qu'en baisse depuis 2023, ce triptyque "inquiet, désabusé et fatigué" est profondément ancré dans notre culture professionnelle.
Des agents désabusés, à qui la faute ?
L'administration se défaussera de sa responsabilité en arguant qu'elle a accéléré sur l'adaptation des outils numériques mis à la disposition des agents, qu'elle offre des possibilités de formation, qu'elle accompagne (un peu mieux) les parcours professionnels.
Tout cela, les agents sont prêts à le concéder dans leurs réponses, en hausse, sur ces sujets. Mais en réalité, on touche là à l'accessoire de ce qui fait le quotidien d'un travailleur à la DGFiP. Au jour le jour, un agent souhaite être :
- acteur des changements au sein de sa direction (pour 69 % ce n'est pas le cas)
- informé des réformes et projets susceptibles de l'impacter (46% se sentent laissés de côté)
- satisfait par la répartition de la charge de travail dans son service (49% sont en désaccord)
Au final, seulement 47% des agents se sentent reconnus et valorisés dans leur travail. Le chiffre s'améliore de 12 points en deux ans mais reste tout de même extrêmement préoccupant. Cumulé avec le sentiment généralisé que la DGFIP n'évolue pas dans le bon sens, le cocktail est délétère et synonyme de perte de sens au travail.
Un taux d'engagement synonyme de désillusions
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50 % à la DGFIP On retrouve le niveau de 2022 après une dégradation en 2023 et 2024
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57 % aux MEF Ensemble des directions des ministères économiques et financiers hors DGFiP
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76 % dans la FPE FPE : Fonction Publique d'Etat
L'engagement progresse malgré tout timidement et ce, grâce aux sous-indicateurs suivants :
- la motivation au travail qui passe de 46% à 51 %
- l'optimisme sur son avenir à la DGFiP qui passe de 30% à 33%
Cet optimisme est toutefois extrêmement faible. C'est un chiffre strictement inverse que l'on peut observer pour le reste de la fonction publique d'Etat : 67%. Est-ce étonnant quand même notre ministre de tutelle rappelle que la DGFiP a supprimé 25 000 postes en 10 ans ? De plus elle s'en félicite et cite la DGFIP comme un exemple à suivre pour le reste de la fonction publique. Faut-il en rire ou en pleurer ?
La CFDT en conclue que si les agents s'engagent pour les usagers, ils sont beaucoup moins enclins à le faire pour la DGFIP. C'est heureux pour nos concitoyens mais fortement pénalisant pour notre administration qui ne sait plus créer de l'adhésion en son sein.
Reconstruire le sens du collectif autour des quelques îlots positifs qui émergent de l'OI
Au milieu de ce marasme dont la DGFIP peine à se remettre depuis le nouveau réseau de proximité (NRP), des points positifs surnagent :
- 73% des agents se disent satisfaits de l'ambiance de travail
- 72% se disent satisfaits de leur équilibre vie professionnelle / vie personnelle
- 61% déclarent être satisfaits de leur manager
Pour la CFDT Finances Publiques, cette tendance pourrait faire tâche d'huile en introduisant plus d'horizontalité dans la prise de décision au sein des services, notamment sur un sujet tel que le télétravail.
Problème : en matière de télétravail, aucun chiffre n'est mis à disposition dans la synthèse de l'OI alors même que plusieurs questions y étaient consacrées.
Les thématiques passées sous silence par la DGFiP dans sa synthèse

Toujours aussi mal nommé "Allez on se dit tout !", cet observatoire interne ne nous est que partiellement restitué ; télétravail, rémunération, contenu du travail, ... des pans entiers de réponses et non des moindres à des questions pourtant posées ne nous sont pas communiqués. Inadmissible !
Nous avions pourtant pointé cette opacité l'an dernier et l'avons répété à la directrice générale à la fin mai. Il n'est pas normal de dissimuler des réponses, quand bien même elles seraient désastreuses pour l'image de la DGFIP, pour un dispositif qui se veut transparent.
La CFDT exige de la DGFIP une transparente totale sur tous les résultats de l'Observatoire Interne.
Des chiffres du mal être à mettre en parallèle avec ceux du DUERP
Les résultats du dernier DUERP sont au diapason de ceux de l'OI : les risques psycho-sociaux (RPS) explosent au sein de la DGFIP, atteignant un taux alarmant de 35 %, en nette hausse par rapport à 2023 (29 %). Près d’un tiers des agents se déclarent exposés à ces risques.
Trois grandes catégories concentrent l’essentiel de la souffrance au travail :
- Une charge de travail écrasante et des contraintes temporelles intenables (38 %).
- Des exigences émotionnelles en forte hausse (22 % contre 15 % en 2023).
- Des relations sociales dégradées au sein des services (17 %).
Ces chiffres traduisent une réalité vécue : les agents de la DGFIP souffrent. Stress, mal-être, fatigue, colère : les signaux d’alerte sont partout. Pourtant, aucune mesure de prévention primaire n’est proposée dans le DUERP tel qu’il a été présenté lors d'une réunion technique le 10 juin. C’est inacceptable.
Nous exigeons que le programme annuel de prévention apporte des réponses concrètes et ambitieuses. Il est temps de passer des constats aux actes. Il en va de la santé au travail des agents de la DGFIP.
Malgré ces constats alarmants sur les risques psycho-sociaux que subissent les agents de la DGFIP, le rapport d'activité 2024 présenté le 10 juin reste tourné vers "la transformation" de la DGFIP.
Extrait de l'édito du rapport d'activité de la DGFIPTransformer coûte que coûte : la vision de la DG
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Transformer, pour moi, ce n’est pas faire autrement, c’est faire mieux. Mieux pour les usagers, mieux pour nos partenaires, mieux pour les Finances publiques
Amélie Verdier