
GMBI ou comment ne pas capitaliser sur ses succès
La DGFiP est coutumière des prédictions de “catastrophe industrielle”, malgré cela on la sait capable de mener des réformes de grande ampleur : la déclaration automatique et le prélèvement à la source ont été menées à bien malgré les difficultés techniques et juridiques.

Des réussites basées sur des équipes existantes sans rupture technologique importante
Pourtant, ces projets n’étaient pas mis en visibilité dans les organigrammes de la DGFIP contrairement au projet GMBI. Et pour cause, leur réussite s’est basée sur des équipes existantes sans rupture technologique importante.
La CFDT Finances publiques n’idéalise pas ces réformes d’ampleur car elles ont connu de nombreux soubresauts. Mais en s’appuyant sur des équipes solides, des sachants et des chefs de projets très impliqués, de nombreux bugs ont pu être évité en amont et certains même corrigés en production. Maitrisant les limites et les risques liés à de tels projets, nos collègues ont su alors limiter leurs périmètres lors de la première année de mise en service, minimisant d’autant les risques. Les cas les plus complexes ont trouvé des réponses les années suivantes. Autre choix d’importance pour ces projets, les équipes informatiques ont eu recours aux technologies connues et maitrisées. Le portage vers des solutions plus pérennes, basées sur de plus récentes technologies, ayant eu lieu par la suite.
Y a-t-il eu un retour d’expérience (RETEX) sur ces succès comme demandé par la CFDT Finances Publiques ?
Une trop grande confiance ainsi qu’une commande politique mal calibrée ont mené à l’échec GMBI.
De nombreux sachants exclus au début du projet ont été appelés ultérieurement à la rescousse mais trop tard pour éviter les écueils. Pourtant, de nombreux obstacles étaient connus dès le démarrage du projet, et notamment la qualité moyenne des données du SI (système informatique) sur le foncier. La problématique du fameux formulaire 1236 (affectation des personnes dans les locaux pour la TH) était éclairant : les agents des SIP, des bureaux centraux et des services informatiques étaient bien conscients des problèmes de la qualité de l’information.
GMBI pour être opérant nécessitait l’éclatement des locaux. Cette opération était redoutée par de nombreux sachants. Une tentative d’améliorer ces données en 2021 a été faite en mettant en visibilité les locaux dans l’espace Particulier d’impôts.gouv afin que les propriétaires puissent facilement signaler les erreurs.
L’éclatement des locaux oblige à distinguer les lots dans les immeubles collectifs. L’appartement doit être distingué de la cave et du garage et/ou parking en leur attribuant des numéros invariants distincts . Les bases anciennes ne faisaient pas cette distinction de manière satisfaisante.
Les grands propriétaires n’ont pas facilité la tâche des services SI
Les grands propriétaires peu impliqués dans le projet et n’ayant pour certains en interne aucun fichier stabilisé, ont transmis des données peu fiables. Près de 50% des donnés ont été rejetées. Notons que l’échange précédent de données sur l’occupation des locaux pour la TH (équivalent du 1236) avait été étalé sur plusieurs années.
Finalement, la résolution des anomalies les plus criantes de GMBI s’est faite en catastrophe et en s’appuyant sur des sachants avec des technologies éprouvées et maitrisées. Ce qu’il aurait fallu faire dès le démarrage du projet. Malheureusement ce fiasco a créé une méfiance entre le SI et les agents du réseau qui a laissé de nombreux stigmates exploités par certains.
La CFDT Finances Publiques demande un RETEX des projets qui ont “fonctionné" comme de ceux qui n’ont non pas “fonctionné” afin que les nouveaux projets ambitieux comme la facturation électronique ne soient pas un nouveau fiasco.