Journée internationale des droits des femmes : mal traitées, mal retraitées !

Publié le 08/03/2023

Ce 8 mars 2023 revêt, en France, une tonalité toute particulière : une mobilisation d’ampleur historique (26,54% de grévistes au ministère de l’Economie et des Finances) contre le report de 2 ans de l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite, un front intersyndical dressé comme une seule femme, figure de proue d’une indignation partagée par la quasi-totalité des salariés !

Depuis 1977, le 8 mars est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cette année, l’Organisation des nations unies a choisi de promouvoir un monde digital inclusif, l’innovation et les  technologies pour l’égalité des sexes. Quelques chiffres éloquents sur le sujet: contre 69% des hommes, seules 63% des femmes dans le monde utilisent internet  et 38% d’entre elles, dans 51 pays, ont déjà été victimes de violences en ligne. Les emplois de demain, majoritairement liés aux domaines scientifiques et technologiques, leurs seront moins accessibles : les femmes occupent, par exemple actuellement, seulement 22% des postes en intelligence artificielle dans le monde, tant les assignations genrées de compétences ont la peau dure !

En France, si elle touche l’ensemble de la population, la  réforme inique des retraites frappe plus fort encore les femmes !

Double journée, demi retraite...double peine !

Pour elles, c’est la double peine ! Déjà durement pénalisées par rapport aux hommes en termes de rémunération tout au long de leur vie active - 22% en moyenne de salaire en moins, plus diplômées mais ne représentant que 43 % des emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures,  assignées aux charges familiales de « care » induisant doubles journées et carrières hachées - elle finissent avec des demi-pensions de retraite passées à la moulinette !

Et ce n’est pas le maintien de l’âge d’annulation de la décote ou la comptabilisation des congés parentaux jusqu’à 4 trimestres pour bénéficier du dispositif carrière longue - 3 000 femmes seulement sont concernée! - qui les protègeront des effets pénalisants du recul à 64 ans de l’ouverture des droits!

Faut pas pousser Mémé à travailler !

Elles continueront à être les plus nombreuses, même éreintées et blessées, contraintes à jouer les prolongations ! Pour rappel de constats accablants, les femmes :

  • partent à la retraite en moyenne un an plus tard que les hommes ;
  • 19% d’entre elles liquident leur pension à 65 ans ou plus, contre 10 % des hommes ;
  • moins souvent éligibles aux dispositifs de départs anticipés, notamment pour carrières longues, 13 % des femmes liquident leurs droits à pension avant 60 ans contre 29 % des hommes.

Boulot, marmots, retraite en lambeaux !

Et leurs pensions de retraite seront, bien entendu, toujours réduites à peau de chagrin: En 2020, hors réversion, la pension brute moyenne des femmes est inférieure de 40% à celles des hommes. Selon le rapport du COR 2022, le taux de pauvreté des femmes est plus élevé à la retraite : 10,4 % des femmes retraitées sont pauvres contre 8,5 % des hommes retraités.

Ce que veut la CFDT Finances

La CFDT revendique avec force une politique familiale ambitieuse basée à la fois sur :

  • un partage plus juste de la parentalité pendant la vie active  (congé de paternité à 2 mois, congé parental mieux rémunéré, ...);
  • ainsi qu’une meilleure prise en compte des congés parentaux pour l’ouverture des droits à pension.

Le télétravail est l’un des leviers identifiés de longue date par la CFDT pour permettre une meilleure articulation des temps de vie. L’accord-cadre signé en juillet 2021 pour sa mise en œuvre dans la Fonction publique a été inopérant pour éviter un décrochage dans la banalisation de son usage. Dans le secteur privé, 16% des salariés télétravaillent plus de deux jours par semaine contre seulement 8% des agents publics.
Les femmes apparaissent lésées s’agissant des conditions matérielles d’exercice du télétravail : un espace dédié est accessible en moyenne à 41% des hommes et seulement 25% des femmes.

La prise en charge de tiers lieux par l’employeur doit donc être effective ! Elle est prévue dans l’accord cadre ! Elle doit être mise en place à Bercy, où en dépit du label égalité professionnelle obtenu en 2018, les inégalités femmes-hommes  perdurent et sont fortes !

L’administration admet un écart de rémunération entre les femmes et les hommes, identifié à partir de l’outil de calcul DGAFP, qui s’élève, après neutralisation des temps partiels, à 8,1% en 2021 ! L’explication de cet écart tient à l’inégale répartition des hommes et des femmes entre corps de fonctionnaires et aux primes. Les processus de recrutements et de promotions, notamment de A en A+, qui conduisent à un tel différentiel sont donc largement blâmables à cet égard !

 Mal traitée, mal retraitée !

Bien entendu, moindre rémunération implique mécaniquement, à Bercy comme ailleurs, moindre retraite ! D’autant que le régime indemnitaire, conséquent dans ce ministère, est pris en compte seulement pour la retraite complémentaire (RAFP) et uniquement dans la limite de 20 % du montant du traitement indiciaire. Autant dire que la masse monétaire globale qui ne cotise pas et n’améliorera pas le montant des pensions des agentes et agents de Bercy est conséquente !

 

Depuis fin 2019, tous les employeurs publics ont l’obligation de mettre en œuvre un plan d’action pluriannuel sur l’égalité professionnelle.

Le prochain plan, dont la négociation s’ouvre à la fin du mois, devra apporter des solutions ! La CFDT Finances y veillera  pour faire avancer la cause de l’égalité professionnelle !

Il est grand temps !

L’abandon du report de l’âge légal à 64 ans est le premier pas!