Manque d'attractivité : la DGFIP recrute sans concours

Décidément, la période politique incertaine n’aura pas empêché l'administration de sortir quelques mesures “explosives”.  

 Après l’accueil dans les services de condamnés à des peines d’intérêt général (lire La DGFIP va accueillir des condamnés par la justice - CFDT), notre ministre s’est empressé de signer le 13 juin un arrêté visant au recrutement sans concours d’agents C.  

Des agents C recrutés sans concours ... mais surtout sans dialogue social

Cet arrêté autorise certaines directions locales à lancer des recrutements d’agents C sans concours (retrouvez la liste des 48 postes proposés ici. ).  

Il ne faut pas confondre cette modalité de recrutement avec celle des agents (Parcours d'Accès aux Carrières de la Fonction Publique) ou ceux des agents avec une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé), recrutements qui répondent à des objectifs spécifiques d’insertion professionnelle.  

Ces agents C, recrutés sans concours, ont vocation à être titularisés à l’issue de la période d' un an de stage comme tout agent qui a passé un concours ...mais sans passer de concours. D’ailleurs suivront-ils même la formation initiale des agents C, recrutés par concours ? Rien n’est moins sûr au regard des capacités d’accueil dans les ENFIP. La CFDT exige que ces agents suivent une formation de 10 semaines comme les agents recrutés sur concours.

Les textes, et notamment celui relatif au statut des agents C, autorisent ce type de recrutements. Mais une fois encore, rien n’a été discuté avec les représentants des personnels. Est-ce une nouvelle expérimentation ? Est-ce une préfiguration des nouveaux recrutements en catégorie C ?  

La CFDT n'est pas opposée à discuter de ce sujet mais pour discuter il faut être deux...

Le concours comme socle du recrutement dans la fonction publique

Pour la CFDT, le concours doit rester le mode de recrutement à privilégier. Il est le garant de l’égalité de traitement entre les candidats et de la transparence. Pour autant si la DGFIP n’en est pas encore à proposer plus de postes à pourvoir qu’il n’y a de candidats aux concours, la CFDT a bien conscience que la fonction publique est de moins attractive et peine à recruter.  

D’aucuns diront que les concours sont surannés et sont un frein. C’est peut-être le cas. Mais alors pourquoi n’avoir pas proposé une réflexion sur la réforme du concours C comme la DGFIP a su le faire pour les concours externes B et A ? Si les concours ne font plus recette, la CFDT appelle à une réforme profonde des épreuves des concours plutôt qu'à leur suppression. 

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Les leviers de l'attractivité

Si la fonction publique n’attire plus aujourd’hui, n’est ce pas une conséquence du fonctionnaire bashing dont la fonction publique a fait l’objet pendant de nombreuses années ? La rémunération des fonctionnaires reste un sujet d’attractivité quoi qu’en dise nos dirigeants. Les règles de gestion des agents ne sont pas non plus de nature à la rendre attractive. 

Là encore, notre ministère n’a pas daigné s’attaquer au nœud du problème. 

Alors aujourd’hui, que dire aux agents C qui après leur réussite au concours 2024 ont rejoint la DGFIP mais ont dû aussi accepter une affectation éloignée de leur domicile familial ?  

Les agents C recrutés sans concours postuleront pour leur part à un emploi sur un poste précis et une résidence précise. Ils ont en amont toutes les informations qui ont manqué cruellement à la promotion 2024, certains ayant in fine renoncé à rejoindre la DGFIP pour cause d’affectation non souhaitée.  Ce que la DGFIP refuse aux agents recrutés sur concours, elle l’offre à ceux recrutés sans concours. Tant mieux pour eux.  

C’est cette inégalité de traitement que la CFDT dénonce.