Observatoire interne 2024: se dit-on vraiment tout ?

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En 2024, l’observatoire interne était lancé sous le slogan « Allez, on se dit tout ». Mais si près de la moitié des agents DGFiP ont joué le jeu en y répondant, la direction a-t-elle été totalement transparente lors de sa communication sur les résultats de cette enquête ?

Dans la synthèse de douze pages publiée le 30 avril dernier sur Ulysse, pas une seule fois les questions de notre rémunération ou de nos perspectives de promotions n’ont été abordées. Ces thématiques étaient pourtant présentes dans les questions qui nous étaient soumises lors de cette enquête.

La DG n’a pourtant pas hésité à mettre la pression sur les responsables de services afin de gagner 9 points de participation entre 2023 et 2024. Dés lors, l’ensemble des résultats de l’observatoire interne méritent de nous être communiqués.

Aussi, en repartant des chiffres ministériels non expurgés, la CFDT a souhaité jeter la lumière sur la perception dégradée qu’ont les agents de la DGFiP de leur rémunération, de leurs perspectives de carrière et plus largement s’interroger sur les raisons qui poussent nos collègues à se décrire comme « désabusés » et « fatigués ».

Un engagement des agents qui souffre de l’absence de confiance dans la pérennité de la DGFiP

La forte baisse de l’engagement constatée en 2023 s’est enrayée en 2024 et aujourd’hui autant d’agents se définissent comme engagés (46 %) qu’en rupture avec cette notion d’engagement (46 %).

Pour la CFDT, la DGFiP ne peut se satisfaire d’un verre à moitié vide (ou plein c’est selon) et ce alors que les agents de catégorie B ne sont que 42 % à se sentir engagés bien qu’ils constituent un chaînon essentiel au bon fonctionnement de notre organisation.

Comment ne pas voir derrière ce faible engagement de nos collègues contrôleurs un sentiment de déclassement dans un contexte de tassement des grilles indiciaires ?

Plus largement, la CFDT constate une réelle dissonance entre la satisfaction exprimée par les plus de 45 000 répondants DGFiP à travailler pour notre ministère (63 %) et l’important manque d’optimisme sur leur propre avenir au sein de la DGFiP (59 %).

En réalité, le constat est celui d’une absence globale de confiance pour l’avenir de notre direction. Malgré un léger mieux en comparaison aux années précédentes, 61 % d’entre nous estiment encore que la DGFiP n’évolue pas dans le bon sens.

La direction générale doit s’interroger sur ces indicateurs très dégradés en provenance du terrain. Un fort besoin de stabilité s’exprime ainsi à travers les chiffres de l’observatoire interne. Et si les perceptions qui remontent ne sont pas bonnes, elles ont également arrêté de chuter en comparaison aux autres exercices. Un chemin de la résilience existe donc.

Sur la base de cet enseignement, la CFDT estime qu’il revient à la DGFiP de conforter les agents dans leurs missions et leurs organisations au-delà de l’échéance post NRP de 2026, malgré le contexte budgétaire toujours plus tendu dans lequel elle évolue.

Un constat paradoxal sur les conditions de travail et la qualité de vie au travail en découlant

Après un point bas en 2019, l’observatoire interne 2024 souligne l’amélioration de la satisfaction des agents sur leurs conditions de travail (70 % d’avis positifs, + 19 pts en cinq ans).  De même, 69 % sont satisfais de leur ambiance de travail et 67 % des effectifs estiment bénéficier d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Sur ce dernier point toutefois, la CFDT remarque que cet indicateur s’élevait à 72 % deux ans plus tôt, un étiage similaire à celui de la fonction publique d’état en 2024. Des marges existent donc pour renforcer cet équilibre, notamment en ce qui concerne les cadres A+. Plus largement, la CFDT devra amener la direction générale à se poser la question du droit à la déconnexion de manière transversale dans le contexte renouvelé du télétravail.

En revanche, en matière de charge de travail, un point noir demeure. Plus de la moitié des agents n’en sont pas satisfaits, la jugeant inadaptée. Or ces chiffres ne se retrouvent pas pour le reste du ministère. La DGFiP ne peut faire ici l’économie d’une réflexion sur le niveau de charge de ces agents et sur la répartition de celle-ci.

Aussi, malgré des conditions et une ambiance de travail jugées correctes par les agents, la charge de travail impacte la qualité de vie au travail ressentie par les agents. Depuis le Covid, cette dernière stagne à la note de 5,9/10, en deçà du reste du MINEFI et de la FPE (6,2 et 6,7/10).

Ce paradoxe apparaît plus profond à la CFDT qui remarque que la DGFiP est une direction où les agents sont plus satisfaits de leurs conditions de travail que le reste des fonctionnaires d’Etat mais à l’inverse moins-disant que leurs co-disciples sur leur qualité de vie au travail. Là encore, l’absence de sérénité des agents sur la pérennité de leur direction impacte leur bien être au travail selon nos analyses.

Les non-dits de cet observatoire interne

Depuis le Covid, la DGFiP ne communique plus à ses agents les résultats de l’observatoire interne à la question « Êtes-vous satisfait de votre rémunération ? ».

La CFDT s’oppose fermement à cette tentative de dissimulation. Notre organisation syndicale considère que l’observatoire interne, que la DG n’hésite pas à instrumentaliser, doit reposer sur la confiance qu’auront les agents quant à l’intégrité du traitement leurs réponses et à leur correcte restitution.

Cette censure des thématiques « rémunération » et « promotions » sur lesquelles la DGFiP se sait en difficulté apparaît préjudiciable à la bonne compréhension des résultats globaux de cette enquête en plus d’être déloyale vis-à-vis des plus de 45 000 répondants.

Sans surprise, les agents de la DGFiP sont ainsi de moins en moins satisfaits de leur rémunération. La récente attribution de points d’ACF supplémentaires, accord signé par la CFDT, ne suffira pas à enrayer le sentiment de déclassement commun aux agents de notre direction.

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Si comparaison n’est pas raison, la CFDT remarque néanmoins que la moyenne des MINEFI est 5 points au-dessus de celle de notre administration. Or en réalité, entre la DGFIP et le reste du MINEFI, l’écart s’avère encore plus grand mais faute d’accès aux données brutes, la CFDT n’est pas en mesure de le calculer. Reste la comparaison avec la DGDDI, autre administration financière de réseau, où l’on constate un écart de 11 points sur les deux dernières années.

La CFDT juge ainsi primordiale pour la DGFiP de s’engager à la mise place de négociations annuelles obligatoires sur le volet indemnitaire car la rémunération au mérite, vantée par un ministre de la fonction publique démissionnaire, ne saurait répondre aux justes demandes exprimées par les agents dans cet observatoire interne.

La question des promotions mise sous le tapis

L’effort de formation et d’accompagnement mis en avant par la DG dans sa synthèse est, pour la CFDT, l’arbre qui cache la forêt.

En effet, si 2/3 des agents s’estiment satisfaits des possibilités de formation qui leurs sont offertes, seulement 37 % se sentent accompagnés dans leur parcours professionnel. C’est trop peu !

Pour la CFDT, l’accès à l’information par les agents est capital. La légère amélioration de de celui-ci sur le triennal 2018-2021 s’est enrayé entre 2022 et 2024. Seulement la moitié des agents de la DGFiP s’estiment bien informés de la vie de leur direction. A l’heure du tout numérique, du manageur de proximité, etc ce n’est pas admissible.

Mais surtout, à l’instar de la thématique « rémunération », les résultats de l’observatoire interne sur la perception, par les agents, de leurs perspectives de promotion, ont été soigneusement retirés de la synthèse par la DG.

Et pour cause, seulement 19 % des agents sont d’accords avec le fait que les promotions sont réalisées sur la base de facteurs objectifs (14 % pour les catégories B). 28 % sont satisfaits des possibilités d’avancement qui leurs sont ouvertes (22 % pour les catégories B).

Face à ce constat, la CFDT considère que la DGFiP se doit d’interroger nos collègues catégories B sur leur positionnement au sein de notre organisation et les perspectives qu’ils y voient.

De même, il est regrettable qu’à l’occasion de cet observatoire, et sur la thématique des promotions, que les AFiPA de notre maison n’aient pas été sondés sur leur ressenti en matière de poursuite de carrière avec l’extinction du corps des AFiP et la sélection interministérielle des administrateurs de l’Etat.

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