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Nice : La vedette qui soulève la tempête !

Publié le 25/04/2017

Si Cannes est connue pour ses vedette, Nice est aussi connue pour la sienne.. L'article du journal Nice Matin en date du dimanche 23 avril 2017 que vous retrouverez ci-dessous, porte sur les difficultés de mise en service de cette nouvelle unité navale. 

Une intersyndicale menace d'une grève imminente. En cause : l'arrivée de la Levante DF 33 à Nice. Les agents affirment que la Côte d'Azur ne sera plus surveillée par eux à certaines périodes.

« C'est un joli joujou. » S'il y a bien un point qui fait consensus entre syndicats des douanes et leur direction régionale, c'est le côté high-tech de la nouvelle vedette qui vient d'être affectée à Nice. La Levante DF 33 est un navire garde-côtes de 32 mètres, coût 8 millions d'euros, ultra-connecté, avec système de mise à l'eau rapide d'une annexe.


Ce n'est donc pas la qualité du bateau, financé à 90 % par l'Europe, via Frontex (1) qui lève en ce moment une tempête interne aux douanes. « Non, ce qui nous inquiète, c'est que nous avions avant trois vedettes dans le département et que nous n'en avons plus qu'une. Et que, financée par Frontex, la DF 33 sera mobilisée au moins un mois par an pour des missions extérieures. La Côte d'Azur ne sera donc plus surveillée pendant ce temps par les douanes », grince un agent de l'intersyndicale CFDT, UNSA, CGT, FO, Solidaires, qui s'est créée pour soulever le problème.

« LA DIRECTION JOUE LA MONTRE »

Ces agents, qui estiment que les négociations entamées début avril traînent en longueur, menacent la direction d'une grève. « Elle joue la montre dans les échanges », estime l'intersyndicale. « Imaginez ce qu'il se passerait si la vedette était mobilisée par l'Europe au large de l'Italie en plein cœur de l'été ! Il n'y aurait plus de surveillance douanière sur la Côte d'Azur. Nos pouvoirs sont pourtant très spécifiques. Ils ne peuvent être pris en charge par d'autres services comme la gendarmerie maritime. Seule la douane peut intervenir sur les trafics de stupéfiants ou perquisitionner un bateau sur-le-champ et ce, quel que soit le poids financier ou la puissance de son propriétaire. Nos missions vont du trafic de stupéfiants en mer à la circulation illicite d'argent, en passant par le blanchiment ou le trafic d'armes. »

Les agents rappellent que deux brigades, Menton et Cannes, ont été supprimées et leurs personnels réaffectés sur une nouvelle vedette à La Seyne-sur-Mer (NDLR : le patrouilleur Jean-François-Deniau), et à Nice pour la Levante« Ces deux brigades avaient un gros rendement en matière de fiscalité, des millions d'euros. Mais pour autant, les missions de la vedette de Nice sont les mêmes, nous ne sortons pas plus, nous avons le même programme », proteste ce membre de l'intersyndicale. Les syndicats réclament entre autres six missions par mois pour douze agents, avec une durée minimum de 56 heures pour chaque.

 

« NOUS VOULONS TRAVAILLER PLUS »

« Nous voulons travailler plus pour que toutes nos missions soient assurées, ce n'est quand même pas banal de se mobiliser pour cela », regrette-t-on du côté de l'intersyndicale. « Si certains budgets sont grignotés par Frontex, l'administration fera en sorte que le bateau reste à quai si les agents ont fait trop d'heures. » 

Du côté de la direction régionale, on insiste sur la modernité de la vedette, sur sa grande capacité d'action, sur la gestion commune des moyens de l'État, et sur le dialogue engagé avec les syndicats depuis le 4 avril (lire ci-contre)

Une discussion qui ne répond pas, pour l'heure, aux attentes des syndicats, qui se disent prêts à l'action, quitte à déclencher la tempête. 

Contactée vendredi, la direction régionale explique ne pas comprendre ce mouvement alors que vient d'être affecté à Nice, selon elle, un outil de travail performant. 

La Levante est la quatrième plus grosse unité de la flotte douanière française. « Ce bateau s'inscrit dans l'ensemble des moyens d'action de l'État, il est complémentaire de la gendarmerie maritime et de la Marine nationale. Il n'y aura pas de trou dans le dispositif coordonné par la préfecture maritime », affirme Max Ballarin, directeur garde-côtes des douanes de Méditerranée, basé à Marseille. Il assure prendre en compte les inquiétudes de l'équipage de Nice. « Cette mission Frontex est nouvelle, cela génère des interrogations, c'est normal. » 

La Côte d'Azur pourrait-elle se retrouver sans vedette des douanes en plein cœur de l'été ? « Ce n'est pas moi qui décide, reconnaît Max Ballarin. C'est Frontex. Il est évident que je préférerais éviter que la vedette ne soit mobilisée en juillet par exemple, mais cela ne dépend pas de moi. » 

Un autre navire des douanes pourrait-il venir la suppléer ? « Il n'y aura pas un autre bateau qui viendra à sa place, on ne déplace jamais un bateau de son port d'attache », répond Max Ballarin, qui ajoute : « Je ne vais pas vous dire que tout va mieux dans le meilleur des mondes, mais nous discutons. »