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Le système D de la formation : Digitalisation, (Dé)pression, Débrouille et Désastres

Publié le 26/04/2024

Le groupe de travail sur la formation a été l’occasion de revenir sur de nombreux sujets et notamment les dysfonctionnements liés à l’absence d’anticipation des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Mais avant de parler de nos points de désaccord, notons nos points d’accord : l’administration à l’instar de l’alliance CFDT-CFTC a reconnu que la formation à al DGFIP est un investissement qu’il faut continuer à développer.

 

 

Généralisation de la digitalisation d’une partie de la formation initiale

Initiée en 2022 pour faire face au volume de la promotion 2022-2023 des contrôleurs stagiaires, l’ENFIP a généralisé le format de la formation en “4+1”.

Relire notre dépêche 2022 àce sujet : Formation professionnelle : toujours plus de digitalisation - CFDT

Pour rappel : chaque groupe de stagiaires voit son emploi du temps composé d’une journée de travail en autonomie à domicile. C’est donc l’équivalent de 20% des contenues de la formation initiale qu’il faut digitaliser.

Lire aussi : Formation professionnelle : toujours plus de digitalisation - CFDT

Comme il est de coutume, il ne saurait y avoir à la DGFIP d’expérimentation qui échouerait. C’est ainsi que le Projet ARIANE (autre nom plus poétique du 4+1) a été généralisé pour les formations des agents C stagiaires.

La formation des inspecteurs stagiaires n’est pas encore totalement digitalisée. Reste à “encapsuler”, pour la promotion 2024-2025, la partie spécialisation du bloc fonctionnel. Ce sera la mission des chargés d’enseignement de Clermont-Ferrand.

Lire aussi : Epreuves écrites des concours : généralisation de la numérisation des copies - CFDT

De nombreuses questions subsistent que l’alliance CFDT-CFTC n’a pas manqué de poser.

En effet, la spécialisation du bloc fonctionnel entre dans des détails très particuliers des connaissances nécessaires à l’exercice des missions. Or sur ces points, les stagiaires attendent des cours en présentiel d’autant qu’il est nécessaire de conserver une chaine pédagogique logique et progressive.

Si l’hybridation doit répondre à une problématique de volume d’accueil des stagiaires, l’alliance CFDT-CFTC rappelle qu’elle ne doit pas être conçue en dépit de toute considération pédagogique.

Quant au taux de satisfaction très élevé, notre alliance n’est pas dupe. Quel stagiaire ne serait pas satisfait de rester travailler chez lui, à son rythme, sans avoir à prendre les transports en commun une journée par semaine ? Certainement aucun.

Pour autant, la digitalisation n’a pas eu raison de la densification des cours.

Un 4+1 qui parfois n’en a que le nom

Les établissements de l’ENFIP sont libres dans l’organisation des emplois du temps des stagiaires et composent en fonction de leur contraintes (nombre de stagiaires, nombre d'enseignants, disponibilité des salles...). A ce jour, seul l’établissement de Lyon pratique totalement le 4+1, en octroyant une journée complète et continue de cours en autonomie. Les autres établissements cherchent encore à s’organiser. Cette problématique couplée à une contrainte de salles conduit l’établissement de Clermont-Ferrand à envisager de déplacer 2 ou 3 groupes de la prochaine promotion de contrôleurs stagiaires vers le site de la Parlette. La CFDT et la CFTC s’opposent à cette organisation qui exclurait du collectif une partie des stagiaires et demandent à l’administration de trouver une autre solution plus acceptable.

L’alliance CFDT-CFTC a d’ailleurs noté que le 4+1 pouvait s’apparenter à du télétravail, donné donc à des agents nouvellement recrutés, qui se le voient ensuite refuser en poste car considérés comme pas assez autonomes !

 

La pression sur les stagiaires et les chargés d’enseignement n’est pas qu’un sentiment : elle est bien réelle.

L’ENFIP a enfin pris la mesure du mal-être des stagiaires qui sont soumis à un rythme effréné mais aussi celui des chargés d’enseignement.

Pour ces derniers, la mise en concordance du TAGERFIP avec les effectifs réels a été faite en 2023. Pour la rentrée 2024 ce n’est pas moins de 14 chargés d’enseignement supplémentaires qui seront recrutés. Mais la charge de travail est telle que l’équilibre ne sera pas encore au rendez-vous. Pour l’année 2024, ce n’est pas moins de 4 000 stagiaires qu’il faudra former. Et pas de formation, sans chargés d’enseignement.

Les stagiaires font aussi les frais de cette formation « rénovée » qui a maintenant 5 ans. Sa densité conduit à un épuisement inadmissible. N’oublions pas qu’il s’agit d’une formation pour adultes et non pas d’une deuxième épreuve de concours. Mais comment éviter cette pression quand il faut acquérir un socle de connaissances volumineux, nécessaire à la titularisation, dans un laps de temps réduit.

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L’administration semble enfin avoir pris la mesure du problème en lançant des GT internes visant à réfléchir au contenu des cours. L'ENFIP voudrait se tourner vers les fondamentaux et laisser toute sa place à la formation complémentaire obligatoire.

La formation rénovée, c’est aussi un parcours de formation alliant formation théorique et parcours complémentaire obligatoire. Mais ce schéma se heurte parfois aux limites de la volonté des directions locales à inscrire leurs nouveaux agents aux formations : un agent en formation étant par définition un agent absent du service.

L’alliance CFDT-CFTC exige que chaque agent qui a reçu une formation initiale puisse s’inscrire dans un parcours complémentaire obligatoire sans que lui soit opposé des nécessités de service.

 

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