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L’urgence d’une négociation sur les rémunérations et les carrières

Publié le 25/03/2024

Lors du CSA ministériel du 7 mars dernier, la CFDT et la CFTC Finances ont demandé l’ouverture urgente de NAO (négociations annuelles obligatoires) afin de donner des perspectives concrètes aux agents. Elles devront porter sur des augmentations générales et des mesures ciblées et sur le déroulement des carrières.

Au lieu de cela, le président de la République a réaffirmé la mise en perspective d’une loi, qu’il qualifie « d’historique » pour la Fonction publique, visant, selon lui, à mieux reconnaître le « mérite ».

Quelques semaines plus tard, il ajoute un plan de 10 milliards d’économies pour les ministères et les agents qui mettent en œuvre les politiques publiques. 

Les provocations du ministère de la Transformation et de la Fonction publiques

La réunion du 14 mars à la DGAFP n’aura duré qu’un quart d’heure. Les documents à l’appui indiquaient une hausse moyenne de 6% sur le traitement indiciaire depuis 2022, une augmentation de la masse salariale de 6,6% en 2023 et de 6,1% en 2024.

Les mêmes documents insistaient sur une augmentation entre +1,4% et +3,5% de la rémunération moyenne dans la Fonction publique de l’État. Pour le gouvernement, les agents publics ont donc vu leur rémunération augmenter. De quoi nous plaignons-nous ? !!!

Une bonne entrée en matière pour ne pas…entrer en négociation !

Les mesures salariales prises jusqu’à présent restent insuffisantes

Le niveau des rémunérations est en effet LE sujet principal. C’est désormais la faiblesse des rémunérations qui impactent le plus le service public. Le manque d’attractivité est criant : il manque des agents partout, les concours ne font plus recette, les agents quittent le navire ! 

Les mesures salariales générales en 2022 et 2023 ont été insuffisantes au regard du niveau de l’inflation.  

  • Au 1er juillet 2022 , la valeur du point a augmenté de 3,5%, soit 1,75% en année pleine pour une inflation de 5,2%.
  • Au 1er juillet 2023, la valeur du point a augmenté de 2,5% (1,25% en année pleine) pour une inflation de 4,9%.

Le gouvernement demande aux entreprises de faire des efforts dans leurs NAO. Les conseilleurs ne sont décidément pas les payeurs.  

Les carrières ont été écrasées avec l’inflation et la revalorisation automatique des premiers indices en fonciton du SMIC . Ce chantier est brulant et il est urgent que le gouvernement y réponde plutôt que de créer des écrans de fumées avec la rémunération au mérite ou au versement de primes à l’aveugle.   

L’écran de fumée de la rémunération au mérite 

L’alliance CFDT-CFTC Finances a réitéré son opposition à la rémunération au mérite.  Un service public ne se nourrit pas de primes individuelles, mais de l'engagement collectif. La rémunération au mérite oublie l'essentiel. 

La rémunération au mérite consiste à prendre à tous pour donner à quelques-uns tout en faisant croire à chacun qu’il est plus méritant que les autres. 

Cela revient également à payer les agents publics au black social, puisqu’aucune cotisation sociale n’est assise sur cette prime qui n'est pas prise en compte dans le calcul de notre retraite.

La rémunération au mérite demanderait en outre un niveau d’autonomie dans le travail que n’ont pas l’immense majorité des agents ainsi que d’une transparence des critères d’évaluation qui fait défaut. Enfin, le mérite individuel s’accorde mal avec l’importance des collectifs de travail. 

C’est enfin oublier qu’un service public ne se réduit pas au dépassement des objectifs ou à des primes, mais que l’utilité sociale est un formidable moteur pour attirer et avancer. C’est oublier que ce ne sont pas quelques-uns qui font avancer le service public mais l’ensemble des agents. Le système des primes au mérite, c’’est créer à coup sûr rancœurs et frustrations. 

En réponse le ministre des Comptes publics a indiqué qu’il était plutôt favorable à considérer la dimension collective du mérite. Un remake de la fameuse picolle (Prime d’Intéressement COLLEctive) de la DGFiP ?