Mais où sont passés les agents « Excellents » de la DGFIP ?
La campagne d’évaluation professionnelle vient tout juste de démarrer.
Non contente de déployer un « nouvel » outil déjà utilisé par de nombreuses autres administrations, la DGFIP décide d'appliquer de façon impromptue et sans pédagogie vis-à-vis des personnels les instructions émanant de la DGAFP* au risque de définitivement démotiver les agents ?
Nouveauté : l’évaluateur de premier niveau change
Le supérieur hiérarchique direct (SHD, par exemple un inspecteur adjoint au chef de service) de l’agent devient également son évaluateur alors qu’auparavant cette mission était dévolue au responsable du service (ex. : l'IDiv, chef du service).
L’autorité hiérarchique est dorénavant dévolue au N+2 de l’agent, donc par définition le N+1 de l’évaluateur. Vous suivez toujours ?
Un petit exemple pour vous aider ....
Boris est un contrôleur qui travaille dans une unité d’un SGC piloté par Alfred, inspecteur. L’unité où travaillent Alfred et Boris est sous l’autorité de Maria, Idiv. Le SGC est géré par Jeanne, Afipa.
Dorénavant, Alfred (N+1) sera l’évaluateur de Boris. En cas de désaccord, Boris saisira Maria (N+2) en sa qualité d’autorité hiérarchique.
Dans ce nouveau modèle, Jeanne qui auparavant évaluait les agents de son service n’intervient plus dans le processus et Maria, qui aupravant pouvait également être évaluatrice, devient autorité hiérarchique.
Cela signifie tout de même que l’évaluation se circonscrit au sein d’un même service sans intervention de la Direction – comme c’était le cas précédemment avec l’autorité hiérarchique - et aux seuls supérieurs de l’agent (son N+1 et son N+2) sans qu’il puisse y avoir une autorité « neutre », en mesure de trancher les éventuels litiges.
Ce positionnement du supérieur hiérarchique direct en tant qu’évaluateur aurait mérité une information des intéressés et une formation ad hoc : une évaluation professionnelle ne s’improvise pas ! Les conséquences sur la carrière de l’agent sont trop liées à cet exercice annuel.
Niveau des croix dans le tableau synoptique à revoir !
Lors des réunions de présentation (aux seuls encadrants) du nouvel outil et de la campagne d’évaluation professionnelle, la consigne donnée aux évaluateurs a été claire : « Il va falloir revoir le profil croix qui est, à la DGFIP, trop favorable aux agents ». Traduire : « Il y a trop d’agents topés excellents dans les tableaux synoptiques, il va falloir revoir ça ! ».
Les conséquences n'ont pas tardé : les agents voient leur profil croix « reculer » au motif que la notation est annuelle. Même au regard d’une expérience accumulée sur une mission, arguant de cette annualisation, l'Administration considère qu'on ne peut affirmer qu’un agent est" excellent" chaque année. L’excellence ne serait-elle plus atteignable ?
La DGFIP : une fabrique à démotivation !
Cette nouvelle politique de reconnaissance de la valeur des agents n’est pas de nature à les motiver ...d'autant plus qu'elle n'a pas été expliquée et qu'elle n'est donc pas intégrée ni comprise. Pire, cette nouvelle donne a un impact direct sur les promotions des agents ! En matière de promotion par tableau d’avancement, les Lignes directrices de gestion (LDG) prévoient en effet un cumul de 30 points que seuls des croix en « Excellent » permettent d’atteindre en 5 ans. De nombreux agents vont donc rester sur le bord de la route à regarder passer la caravane des tableaux d’avancement. Et que dire des listes d’aptitude pour lesquels les heureux élus (peu nombreux) devaient cumuler des « Excellent » pour pouvoir prétendre au Graal.
Lire aussi : CFDT - Lignes directrices de gestion volet promotion : entre espoir et désespoir... et CFDT - LDG Promotions : Exit l’ancienneté ! La subjectivité du choix et du mérite érigée en principe.
Dans un contexte morose de pouvoir d’achat en berne sans perspective d’augmentation digne du point d’indice et plus encore de revalorisation des points d'ACF ou d'actualisation des régimes indemnitaires à la DGFIP, est-ce ainsi que notre Administration entend marquer la reconnaissance de ces agents ? La CFDT Finances publiques doute que ce soit la bonne méthode...
La DGFiP oublie-t-elle que ses agents sont ceux qui ont subi le plus de restructurations et de suppressions d'emploi ces 15 dernières années. Des agents félicités pour leur engagement pendant la période COVID, pour la réussite du PAS et pour avoir absorbé (tant bien que mal) les réformes ...mais qu'on sacrifie une fois de plus à l'autel d'une uniformisation de gestion qui ne démontre, elle, aucun talent particulier.
Et après ça, les hiérarques de la DGFIP vont se demander pourquoi elle n’arrive pas à attirer les talents ?
Sans déc...
*DGAFP : direction générale de l’Administration et de la Fonction publique
