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« Grand remue-méninges » : L'artifice de COM qui ne trompe personne

Publié le 13/06/2022

C'est sur Ulysse que le DG Jérôme Fournel a lancé le 18 mai un « grand remue-méninges ». Discrètement préparée depuis mars avec les seuls n°1, l'opération prétend en quelques semaines, et avant l'été, embarquer les agents dans une très vaste réflexion ...après 5 ans de réformes sans débat avec les agents et sans concertation avec leurs représentants. La ficelle est un peu grosse. Et l'instant causerie peine moins à convaincre par son côté gadget que par sa sincérité. Le même artifice a en effet déjà été utilisé en 2009 avec le "document d’orientation stratégique" (DOS) et ses ateliers.

"Associer les agents" pour définir "ensemble une feuille de route" avec des "perspectives claires et partagées" en prévision du prochain COM (contrat d'objectif et de moyen). L'alléchante promesse de Jérôme Fournel présentée le 18 mai sur Ulysse aura laissé, au mieux, les agents sceptiques. Après des réformes déroulées en enjambant allégrement le dialogue social et en faisant fi des attentes des agents, on peut effectivement être dubitatif sur la réalité de ce « remue-méninges ».

Artifice de com pour le COM

Tous les # d'une com léchée ponctuent le message du DG : "démarche participative", "vos attentes", "vos préoccupations", "partagées", "associant l'ensemble des agents", "échanger", "écouter"...

Engagée fort discrètement avec les directeurs locaux lors de séminaires de préparation du nouveau "contrat d’objectifs et de moyens" (COM de 2023), cette opération vise-t-elle réellement à écouter les agents pour mieux prendre en compte leurs propositions ? Le message du DG le laisse entendre, mais les travaux déjà conduits avec les directeurs montrent qu’on en est loin.

Le DG entend notamment profiter des résultats de l'Observatoire interne 2022. Dans un document interne (baptisé "Réflexions stratégiques dans le cadre de la préparation du COM"), au chapitre "Pourquoi le grand remue-méninges", il est noté une "progression de l’adhésion des agents" aux réformes. Une aubaine ! Pourtant, 2 ans de confinement perlé et de télétravail de crise ont assurément influé sur les résultats. Lucide, le document relève toutefois que le "corps social reste majoritairement inquiet et estime majoritairement que le rythme du changement est trop rapide".

Raconter un récit et faire croire qu'on implique les personnels

Le tempo démontre que le « grand remue-méninges » sera plus un instant causerie avec les agents. Conduit en quelques semaines seulement, les quelques minutes ou heures consacrées au sujet ne permettront pas un travail sérieux d'analyse des propositions et de concertations. D'ailleurs, le temps de la concertation n'arrivera qu'à l'automne, quand les discussions sur le cadrage financier avec la direction du budget seront, elles, plus que bien entamées...

Surtout, on se pince de lire dans ce document interne qu'il y aura "un temps de pédagogie lorsque le contrat sera finalisé : la grande convention démocratique". Champagne ! Quand tout sera bouclé, on causera enfin démocratiquement ?!? Convoquer la "démocratie" et l'artifice de la "convention" - tant appréciée dans le privé - finira de convaincre ceux qui pouvaient se bercer d'illusions sur le « grand remue-méninges ».

La CFDT Finances publiques aurait aimé croire à un véritable renouveau du dialogue social et à la fin des pratiques en cours depuis plusieurs années. Mais la DGFiP ne semble finalement pas renier ses pratiques d’opacité et, plus encore, de contournement des instances représentatives des personnels. L’absence de présentation aux organisations syndicales en amont de l'annonce du « remue-méninges » ne peut que renforcer ce constat et achève de convaincre du peu d’entrain de la DG à partager un véritable dialogue constructif avec les représentants élus des personnels. A tout le moins, les modalités de consultation des agents et la transparence du processus auraient gagné à être débattues en comité technique de réseau (CTR).

Loin de l’échange participatif co-constructif, cette opération de communication est un nouvel avatar pseudo-participatif tel que ceux qui sont multipliés depuis 2019. Il vise avant tout à construire le récit d’une évolution et de restructurations soi-disant « partagées », avec toujours comme horizon des suppressions d’emplois et la fermeture de service de proximité. 

Comme le « document d’orientation stratégique » de 2009 ("DOS" ; orientation triennale 2010-2012 suite à la fusion), l'opération n'est-elle pas qu'un leurre ? La feuille de route stratégique pour du DG pour la DGFiP étant certainement déjà largement définie, dans la continuité des politiques menées depuis 5 ans et du COM 2020-2022, le « grand remue-méninges » vise certainement plus à utiliser quelques remontées d'agent habilement choisies pour servir de caution à de futures réformes et à tenter de « fluidifier le processus de transformation » comme d’aucuns le conseillent.

La parole de l'agent dans la réalité ?

Car depuis 2019, la CFDT Finances publiques n'a pas constaté que la parole des agents avait été entendue autrement que quand elle coïncidait avec les orientations prédéfinies. Ainsi, même sur des dossiers "chauds" comme celui de la fraude, les agents et les OS n'ont pas eu l'écoute de leur DG : les alertes lancées sur les premiers mois du FDS (fond de solidarité) n'ont pas été entendues, pas plus que celles sur les déclarations préremplies des primo-déclarants ! Si souhaitable soit-il, peut-on vraiment croire un changement aussi radical de politique de la part de la DG ?

La CFDT DGFiP appelle à des Etats-généraux

Les agents de la DGFIP ne demandent pas mieux que de s’exprimer et d’apporter leur contribution à la
détermination du futur de la DGFiP et de l’exercice de ses missions. Les éléments sur leurs ressentis et sur la situation sociale des agents relevés par l'observatoire interne ont été ignorés. Depuis de nombreuses années, les personnels des Finances publiques ont subi moult réformes et restructurations ...sans analyses des effets ou conséquences  

La CFDT Finances publiques appelle à la tenue de véritables Etats généraux de la DGFiP dans un cadre participatif défini, clair et transparent. Ainsi, les agents de la DGFiP pourront s’exprimer en confiance et l’ensemble de leurs  contributions pourront être prises en compte si le souhait en est réel. Ainsi, pourra s'instaurer un véritable débat avec les organisations syndicales représentatives des personnels.

A défaut de véritables Etats généraux transparents, un énième artifice de com’ ne fera que creuser plus encore le fossé entre la DG et les agents.

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