Listes complémentaires : la CFDT dénonce une gestion RH à la petite semaine

Publié le 02/03/2022

Pour faire appel à des contractuels, on peut compter sur le zèle de « nos » ministres et DG. Mais quand il s’agit de faire appel aux listes complémentaires des concours (LC) …l’histoire est toute autre.

La CFDT Finances publiques et les OS représentatives ont unanimement interpellé le DG et demandé le recours aux LC lors du dernier CTR (cf. compte rendu). Cependant, la Centrale continue à temporiser et à se donner le temps de la réflexion. D’ici une quinzaine de jours (au 21 février, NDLR), une « décision définitive sur ce sujet sera apportée ». Rien de presserait, donc. A l’inverse, de certains collègues qui restent dans l’expectative comme les 3 derniers inscrits en LC de l’examen pro de B en A …lesquels bénéficient pourtant d’acquis de l’expérience et sont donc rapidement opérationnels.

Mais sans doute n’est-il pas facile pour la Centrale de jongler avec ses propres incohérences et un manque d’anticipation assumé à la faveur des dogmes budgétaires appliqués avec célérité à la DGFiP.

Anticipations, prévisions …ou pas

D’abord, le nombre de départs en retraite en 2021 est plus élevé qu’envisagé …par les prévisionnistes de Bercy. Un effet de l’épuisement rencontré par beaucoup de collègues qui ont accumulé les réformes et supporté des suppressions massives de postes ainsi qu’une absence profonde de reconnaissance (nombre d’agents éprouvent un sentiment amer à voir des structures et des modalités d’organisation dans lesquelles ils se sont investis être méthodiquement mises au rebut par le même type de hiérarques …qui vantait deux minutes plus tôt la modernité d’une DGFiP tournée vers le citoyen !). Trop, c’est trop pour des serviteurs de l’Etat loyaux mais désemparés par l’inconstance et cette marche effrénée vers un ailleurs toujours moins-disant en service public.

Si l’appel aux listes complémentaires permet de pallier les défections de collègues inscrits en liste principale (LP), cette situation de départs en retraite mal calibrés génère a fortiori un besoin de recrutements d’agents titulaires.

Sujet tabou : l’attractivité de la DGFiP et de la fonction publique d’Etat

Les propos tenus par le DG Jérôme Fournel lors du CTR du 8 février dernier pourraient traduire les hésitations de la Centrale à faire appel plus largement aux lauréats des listes complémentaires. Le niveau de certains candidats serait-il en effet suffisant ? Pourtant, si l’administration a jugé que ces candidats pouvaient être inscrits en liste complémentaire (LC) c’est, qu’a priori, elle a jugé qu’ils avaient satisfait aux conditions de sélectivité …ce que leur notation est censée traduire.

Un système quelque peu « Tartuffe » est-il en train de vaciller ? Bercy accepterait-il en effet d’inscrire des candidats en LC bien qu’ils n’aient pas été jugés d’un niveau suffisant ?

Deux questions subséquentes viennent à l’esprit :

  • L’éventuelle moindre sélectivité est-elle générée par un manque d’attractivité de la DGFiP et plus généralement de la fonction publique, sujet auquel la ministre Amélie de Montchalin semble n’avoir toujours pas bien saisi les tenants et les aboutissants ?
  • La sélectivité n’est-elle pas plus difficile à mettre en œuvre en cas de recrutements massifs comme c’est le cas en ce moment ? Pour des raisons budgétaires – selon les canons du flux tendu en matière de stock …logique dont on a vu la réussite en matière de masques, ordinateurs portables, semi-conducteurs, etc. – la DG est contrainte, le nez dans le guidon, de recruter d’importants volumes de promotion du fait des départs en retraite en augmentation depuis quelques années. Mais compte tenu des suppressions d’emplois, la DG n’a pas lissé dans le temps les recrutements. Une mécanique court-termiste qui engendre d’autres difficultés : cela déstabilise les écoles et certains services qui font face, certaines années, à des promotions anémiques et d’autres à des promos pléthoriques ; cela n'aide pas non plus au tuilage …mais là, on parle d’un temps quasi révolu.

En attendant, la DG n’entend pas jouer la transparence et balaye les questions d’attractivité. Juge-t-elle les candidats inscrits en LC (les internes en particulier) moins capables de s’adapter dans nos services ? Moins que des contractuels par exemple ? La société de confiance, au-delà du slogan, ce n’est visiblement toujours pas pour les agents !

Pour la CFDT, il convient en outre d’ajouter à cette question du recrutement que rien ne permet d’assurer que le recours à des contractuels est de meilleure facture que la voie du concours. Jusqu’à preuve du contraire, il n’apparaît pas que la DGFiP dispose de bataillons de recruteurs chevronnés dans les directions, quoique certains intéressés s’en persuadent. Recruter, c’est un métier, pas une casquette accessoire.

Nota bene : lors du CTR du 8 février (cf. dépêche), à l’instar de l’alliance CFDT-CFTC Finances publiques, l’ensemble des organisations syndicales représentatives ont demandé un appel immédiat des LC.