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Encadrer en période de crise sanitaire : un exercice périlleux ?

Publié le 12/11/2020

De nombreux chefs de services se trouvent depuis plusieurs mois dans une position très inconfortable. L’administration s’appuie -quand elle ne se désengage pas – sur les chefs de services locaux pour gérer la crise COVID. Ces derniers se trouvent devant de multiples injonctions contradictoires, ce qui n’est pas sans poser de difficultés Exemples de situations :

  • Maintenir l’ensemble des activités tout en obligeant au télétravail sur 5 jours 

Si le Premier ministre et la ministre du travail ont été assez clairs sur la nécessité de s'engager pleinement dans le télétravail lorsque le métier est « télétravaillable », ce n'est de toute évidence pas l'intention au sein de notre Ministère, l’ensemble des activités devant être maintenues sans adapter l’organisation du travail. Les cadres ont été pris en étau entre les annonces des responsables politiques et les contre annonces quasi systématiques de leurs propres directions, parfois du directeur général lui-même.

Première incohérence, dans cette période de crise sanitaire, d'un niveau de gravité exceptionnelle, on peut se poser la question de maintenir absolument toutes les missions, eu égard notamment aux besoins de moyens supplémentaires temporaires sur des missions en souffrance. Est-il prudent d'inciter les usagers à se déplacer pour tout besoin de service public ?

Beaucoup de flou aussi sur les missions télétravaillables, l'obligation/le volontariat, la nécessité de poursuivre l'accueil, les contrôles... Faut-il une approche par centre, bureau ou services, doit-on faire des rotations avec les mêmes personnes ?

Les cadres de proximités se voient donc contraints de jongler, de faire des choix et de limiter les possibilités de télétravail lorsque cela ne suffit pas. 

  • Manager ses équipes à distance sans outils 

Depuis Mars on leur demande de continuer à manager les équipes et de rester "proche" des agents. Cela va de soit soi, même si la définition de la proximité en temps de crise sanitaire implique une autre forme de proximité. Faire le choix de la proximité physique s'avère périlleux.

Mais alors, comment faire lorsque le seul outil disponible est le téléphone portable privé de l’encadrant ? On le sait, le management à distance pour être efficace doit se faire par le biais d’outils collaboratifs et de visioconférences : outils que l’on attend au ministère depuis plusieurs années. Un outils d’audio conférence vient juste d’être mis à disposition du réseau, nous sommes encore loin du compte. 

En attendant les cadres se voient contraints d’utiliser le système D, voir même parfois de prendre à leurs frais des outils que l’administration leur refuse. 

  • Continuer à venir régulièrement sur site pour ne pas laisser les agents seuls 

Les activités d’encadrement sont en grande partie télétravaillables, pour autant nombreux sont ceux devant être sur site quasiment tous les jours pour “ne pas laisser un agent seul sur site”, pour répondre aux usagers, ou pour continuer à pouvoir “animer le collectif”.  

On voit bien là l’aveu d’incapacité du Ministère à mettre à disposition des outils et consignes précises permettant à tout le monde de travailler à distance dès que possible. 

  • Gérer les « cadeaux empoisonnés »  

Il ne faut pas non plus omettre que les chefs de service ont été contraints de gérer les effets de l’ordonnance congés/RTT et la prime COVID. La CFDT a dénoncé à plusieurs reprises la lourde faute managériale du gouvernement sur ces sujets, alors même que la période été suffisamment compliquée à gérer. Sur ce point, il eut été préférable d’écouter les retours des encadrants, notamment pour améliorer à long terme la gestion de crise. 

La CFDT Finances s’engage pour obtenir plus de moyens face aux enjeux de la crise sanitaire et continuera à dénoncer ce système destructeur. Elle défend une vision progressiste de l’organisation du travail, loin des idéologies rétrogrades, de la culture de la défiance. 

“L’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la santé physique et mentale des travailleurs”. Ces mesures sont celles préconisées par le gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire, à savoir : télétravail dès que possible, sinon mise à disposition des moyens de protection et informations régulières sur la prévention des risques. 

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