Retour

Les cadres concernés aussi !

Publié le 26/07/2019

Personne de sensée ne peut nier le fait que la réforme de la « géographie revisitée » porte atteinte à la DGFIP et à ses missions. Nous ne sommes pas les seuls à le dire. Les élus locaux, conscients de plus en plus des enjeux de cette réforme, l’ont très bien compris après réflexion.

Elle n’est sûrement pas mise en œuvre pour renforcer la présence, la proximité et la technicité des services auprès des usagers. Même si le ministre Darmanin tente de nous faire croire le contraire en vendant son projet aux élus et aux médias comme s’il s’agissait du dernier produit à la mode ! A l’époque du matraquage publicitaire qui sévit quotidiennement sur nos écrans TV, pour « asséner » le message répété à la limite de la saturation, la réforme Darmanin serait la seule valable car, soi-disant, la seule à répondre aux besoins d’une population lassée des promesses des gouvernements successifs.

Et bien non !

Encore une fois, le message formaté, bien trop huilé, masque des vérités qu’il ne faut pas diffuser. Économies budgétaires au niveau de l’Etat, par transferts de dépenses de fonctionnement d’un service public de l’État aux collectivités locales, caractérisent cette énième réforme par essence source de suppressions d’emplois dans la fonction publique d’État.

Aussi, comme pour l’ensemble des personnels de la DGFIP, qu’il soit personnel ou professionnel, l’avenir des cadres, supérieurs ou non, est percuté de plein fouetpar les bouleversements en cours au sein de l’Etat qui auront des impacts RH très importants :

 

Pour tous les cadres supérieurs 

Les quelques services de gestion comptable (SGC), SIP et SIE résultant de regroupements au niveau départemental semblant promis au mieux à des AFIPA, les déroulés de carrière possibles pour les chefs de services actuellement en fonctions et leurs adjoints vont se réduire comme peau de chagrin voir plus radicalement disparaître.

Les 6 années de garantie de maintien de rémunération, sont prévues à l’évidence pour gérer le « stock » principalement des Idiv comptables proches d’un départ en retraite dans la période.

Et quid de la qualité de vie pour ceux qui devront aller travailler dans un SGC ou un futur gros SIP ou SIE distant de plusieurs dizaines de kilomètres de leur domicile actuel ?

Et que dire des annonces de transferts de missions fiscales depuis la Douane, la création d’une agence de recouvrement regroupant à terme les URSSAF et autres organismes aux statuts et déroulés de carrière parfois bien différents….

N’ayez pas peur !

La réponse la plus souvent mise en avant par les responsables administratifs chargés de relayer la « campagne ministérielle publicitaire » est loin des attentes en terme de GPEEC (gestion prévisionnelle des Emplois, des effectifs et des compétences), tout au plus de vanter les mérites du télétravail ou, a minima, du travail à distance en oubliant de dire que toutes les applications métiers et tous les réseaux informatiques sont encore loin d’être au niveau pour permettre de basculer dans ces nouveaux modes de travail.

En l’absence d’une véritable GPEEC des cadres, il sera quasi impossible pour l’administration de donner une visibilité aux collègues pour les 10 ans à venir. Il est maintenant bien loin le temps où le premier directeur général de la DGFiP déclarait en 2011, au moment de la mise en œuvre des statuts fusionnés, qu’il fallait toujours pour les cadres qu’ils puissent voir la « petite lumière au fond du couloir » ! (Traduire par avoir une visibilité sur son déroulé de carrière).

La CFDT estime pourtant que tout agent mérite cette « lumière ». On mesure clairement aujourd’hui les conséquences des blocages en la matière. La frustration, l’absence de perspectives, dans un contexte où la pression par la performance est toujours plus forte, sont à l’origine d’un réel mal être au travail !

 

Pour les comptables gérant actuellement des postes SPL (secteur public local)

Leur rôle éminent leur permet d’être l’interlocuteur privilégié du maire ou d’un de ses adjoints conseiller municipal. Demain, il n’y aura plus d’interlocuteur unique, l’élu devant traiter, soit avec le comptable du SGC, soit avec le conseiller SPL. Où sera l’intérêt de l’élu dans ce cas ?

Quid de la pérennité de cette mission qui, indépendante du statut de comptable public, serait d’autant plus facile à externaliser au moment opportun pour réduire encore davantage l’emploi dans la fonction publique d’Etat. La conséquence pour les collectivités en serait alors une dépense supplémentaire à assumer au budget communal.

Les métropoles ou autres grosses collectivités l’ont bien compris en ne souscrivant pas à la possibilité de créer des agences comptables en leur sein.

 

Pour les comptables en charge de SIP et de SIE 

C’est la population la plus sujette à devoir quitter les fonctions comptables, sauf à être titulaires d’un grade d’AFiPA car le reclassement des postes issus de regroupements leur donnera une priorité liée au grade détenu. Si tel ne devait pas être le cas, l’administration s’orienterait alors vers une gestion des affectations purement et simplement au choix en abandonnant toute idée d’ancienneté ou de grade. Ce serait alors un basculement dans un autre monde où l’absence de garanties d’égalité de traitement ne serait pas sans conséquences pour les collègues.

 

Dans un monde sans CAP de plein exercice, ce serait alors le signe de l’arbitraire et du fait du prince pour de nombreux collègues.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, les cadres doivent prendre en main leur avenir au sein d’une administration qui va basculer inexorablement dans un nouveau monde « low cost » !

La CFDT Finances publiques aura à cœur de défendre les intérêts des personnels qui, parce qu’ils sont cadres, ou pire désormais parce qu’ils ont eu le malheur d’avoir choisi la carrière de comptables devraient tout accepter et tout assumer d’une réforme qu’ils n’ont pas demandée !

Pour la CFDT Finances publiques, aucun agent, cadre ou non, ne doit être lésé par une réforme imposée. Toutes les garanties doivent être apportées pour répondre à ce principe. En particulier, la garantie de rémunération doit être pérenne et non réduite des gains à l’avancement comme celle appliquée lors de la fusion des régimes indemnitaires DGI et DGCP en 2014.

L’heure est à la mobilisation de l’ensemble des personnels pour garantir un service public de qualité, des conditions de travail et des carrières en adéquation avec les attentes des agents et cadres.

 

Retour au sommaire n° 88