"Démétropolisation" - 50 villes sélectionnées ...en attendant de savoir qui et quoi.

Publié le 29/01/2020 (mis à jour le 30/01/2020)

Gérald Darmanin et la DGFiP ont dévoilé les 50 villes sélectionnées pour recevoir des services de Bercy "démétropolisées".

Quid des services, des missions et du nombre d'agents « démétropolisés » vers la province ? Ce n’est pas sur ce point – qui taraude depuis des mois les agents travaillant à Bercy, à Paris ou dans les grandes métropoles – qu’a répondu ce matin le Comité de sélection présidé par le ministre Gérald Darmanin. Celui-ci a « seulement » répondu à l’impatience des collectivités candidates à la « démétropolisation » en dévoilant les 50 communes choisies pour recevoir des agents de Bercy délocalisés (cf. Pdf en pièce-jointe).

Depuis octobre 2019, 418 collectivités s'étaient portées candidates au projet du gouvernement de transférer des emplois publics de Paris et des grandes métropoles vers la province. Gérald Darmanin avait alors indiqué que 2 500 agents de la DGFiP* seraient concernés… provoquant un certain émoi. A l’occasion de ce comité, le DG Jérôme Fournel a rappelé que la question des services amenés à être délocalisés serait discutée avec les représentants du personnel dans les mois qui viennent.

Par ailleurs, dixit le ministère, ce sera du « gagnant-gagnant » pour l’Etat et pour les personnels. L’administration assure même qu’il n'y aura aucun départ contraint et que des garanties seront apportées aux agents, notamment à travers des dispositifs d’accompagnement. Cependant, ceux-ci restent à ce jour limités aux textes en vigueur. En outre, on peut s’interroger sur la situation des agents dont le service est promis à la délocalisation …dans lequel on ne trouverait aucun volontaire au départ.

Les 50 villes sélectionnées** seront aussi gagnantes... du moins, en apparence. Le projet de Nouveau réseau de proximité (NRP) de la DGFiP contient un volet local avec la réorganisation en cours du réseau départemental des Finances publiques et un volet « démétropolisation ». Ce dernier ambitionne de répondre au souhait d’une plus grande présence de l’Etat dans les territoires après des années de désengagement.

La CFDT Finances publiques pointe des contradictions entre les deux volets. En effet, localement, on assiste à l’heure actuelle à des fermetures de services et à des transferts de personnels dans des villes aujourd’hui sélectionnées …pour accueillir du personnel « démétropolisé » d’ici 2026. Des dizaines d’agents se voient donc contraints de migrer vers une autre commune (qui n’a pas forcement toujours besoin d’emplois publics) ou de subir des temps de transport allongés !

On peut donc légitimement s’interroger sur la nécessité de poursuivre le volet local du NRP ? Quel intérêt à délocaliser des agents, et leur famille, intégrés dans le tissu économique et social de leur commune (et le cas échéant ayant leurs enfants scolarisés, le travail du conjoint, etc.) pour relocaliser par la suite des agents de Bercy ? Quel intérêt, dans les années qui viennent, de tenter de « démétropoliser » et de convaincre des personnels dans des communes qu’on a initialement « déshabillées » ? Il y a là comme un « en même temps » qui n’a pas lieu d’être.

Enfin, si Gérald Darmanin affirme que cette démétropolisation « s’inscrit dans l’objectif fixé par le Président de la République et le Premier ministre de rapprocher les administrations de nos concitoyens », on peut objecter que les services actuellement fermés ou regroupés …étaient, eux, proches de l’usager. Et qu’à l’inverse, l’orientation de la DGFIP pour les futurs services à transférer tend plutôt des services support ou d’appui sans lien fort avec un public local.

Enfin, à l’aune des expériences passées, cette vieille antienne consistant à délocaliser des hauts-fonctionnaires et des équipes parisiennes pour les rapprocher des territoires est-elle concrètement bien engagée ?

* : par la suite, un petit nombre d'autres communes pourra également compléter cette première liste.

** : 1 500 personnels d’administration centrale et de Paris et 1 000 de métropoles